Depuis des mois, nous discutons chez Carrefour de l’avenir des magasins puisqu’il ne faut pas s’en cacher, c’est bien de cela dont nous parlons. La presse, ces derniers jours, a largement relayé le fait que le groupe examinait un départ hypothétique de la Belgique. De quoi mettre de manière maladroite et inutile un peu plus d’huile sur le feu !
Au menu, depuis 1 an, c’est négociation du travail du dimanche, plus grande flexibilité, plus grande polyvalence, tout ça pour espérer rendre à vos magasins une rentabilité structurelle chère aux yeux de la direction. Depuis le début, nous disons, comme organisation syndicale, qu’une solution peut être trouvée naturellement, mais que les solutions doivent être équilibrées. Chacun doit s’y retrouver. C’est en autres pour cela que dès le départ, nous avons parlé non franchise et garantie d’emploi !
Pour les organisations syndicales, il a toujours été clair que le l’organisation du travail seule n’est pas responsable du déclin des magasins. Une politique commerciale digne de ce nom doit se développer chez Carrefour.
Nous avons également toujours dit qu’un accord au sein de l’entreprise Carrefour ne suffirait pas seul à trouver des solutions d’avenir.
La problématique d’une concurrence, toujours déloyale avec les magasins en franchise en lien avec le travail du dimanche et des conditions de travail au rabais et précaires, nous force à continuer à exiger l’harmonisation des commissions paritaires pour stopper le dumping social dans le secteur du commerce.
Mener une table ronde sur l’avenir du commerce, notamment par rapport à la concurrence toujours plus grande de l’e-commerce ou encore sur le commerce transfrontalier, est fondamental pour arriver à pérenniser les magasins au long terme.
Toujours tenter de retrouver la rentabilité en rognant sur les acquis des travailleurs n’est pas la solution. Carrefour doit prendre ses responsabilités au niveau du secteur et imposer un débat sur l’harmonisation des CP pour qu’enfin, les cow-boys de la franchise jouent avec les mêmes règles que les magasins intégrés. Le tout à la franchise ne règlera rien !
Que contient l’accord ?
Sécurité d'emploi et non franchise + pouvoir d'achat
Nous avons pu obtenir un accord garantissant le maintien de l’emploi et l’absence de franchise jusqu’au 1er juillet 2028.
Nous avons également obtenu une augmentation du pouvoir d’achat à travers le relèvement de la valeur du chèque-repas à concurrence de € 1,5 pour les collaborateurs des catégories 3, 4 et 5 dans les magasins et les services centraux à partir du 1er mars 2026. Une augmentation de € 0,50 des chèques-repas est prévue à partir du 1er janvier 2027 pour autant que les résultats soient bons.
Organisation du travail
- Une plus grande polyvalence ? Ce sujet a clairement été abandonné dans l’état actuel des choses. Comme d’autres, il reviendra plus tard à la table des négociations. Entre-temps, nous voulons une évaluation claire de la polyvalence existante, de la manière dont elle est utilisée et de ce qu’il pourrait encore falloir changer pour que l’organisation soit plus efficace.
- Le travail du dimanche matin est introduit dans pratiquement tous les magasins (hors exclusions spécifiques). Ouverture de 8h à 12h avec minimum 2 personnes (dont 1 responsable) pour l’ouverture. Sur base volontaire pour les anciens travailleurs (CDI et CDD en service avant le 01/01/2026), donc aucune obligation pour eux.
Pour les nouveaux travailleurs, le volontariat sera aménagé. En effet, ils devront prester 13 dimanches ; ils pourront en prester plus sur base volontaire. Pour les étudiants et les flexi-jobbers, il s’agira d’une obligation de travailler le dimanche.
!!!! Ce sont d’abord les travailleurs en CDI, puis CDD, qui pourront se porter volontaire pour travailler le dimanche, ensuite les nouveaux travailleurs et seulement en dernier recours les flexi-jobbers et les étudiants. Pour tous les travailleurs à l’exception des étudiants et des flexi-jobbers, la rémunération pour cette journée sera de 150%. Les travailleurs à temps partiel, au contraire des temps pleins, pourront prester ces heures en heures complémentaires. Le stand financier sera fermé, dans un premier temps le drive également. Les autres services seront ouverts.
!!!! Des règles transitoires s’appliquent pour les magasins actuellement déjà ouverts toute l’année le dimanche – à voir dans ces magasins.
Un planning semestriel pour les disponibilités des travailleurs sera mis en place. Il y aura dorénavant 10 week-ends libres en plus de ceux pris dans le cadre des congés légaux (et des RTT pour les temps pleins).
Les prestations des dimanches de fin d’année restent à l’identique (garantie de 2 dimanches à 300%). Les heures du dimanche viennent en plus des heures prestées la semaine. En d’autres termes, il n’y a pas de glissement d’un volume d’heures des six premiers jours de la semaine vers le dimanche.
Pour les personnes non soumises à la durée du travail, à savoir la catégorie 6 et les catégories supérieures, il n'y a pas de base volontaire pour le travail du dimanche, et la prime habituelle pour ce travail du dimanche reste la même. - De meilleurs contrats : Suppression progressive des contrats temporaires structurels et augmentation du temps partiel minimum. Le but est d’arriver au plus tard au 1er janvier 2027 à des contrats de minimum 28 heures/semaine pour tout qui le veut et ce, dès l’embauche. Les 28h seront d’abord allouées au personnel en service. Les restrictions médicales ne seront pas un problème pour pouvoir obtenir une révision de contrat. Les assistants Market se verront octroyer un contrat à temps plein et recevront une prime brute de € 15 par mois.
- Encadrement de la précarité : La direction s’engage à ce que magasin par magasin, 80% des heures-cibles soient prestées dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée. Les malades de longue durée (plus de 2 ans) n’entrent pas en compte pour le calcul de ces 80%. Des contrôles de ces pourcentages sont prévus aux niveaux local et national. Lorsqu’on parle de 80% de contrats à durée indéterminée, cela veut dire que 20% ne le seront pas ! Ces 20% pourront être occupés par des contrats à durée déterminée, des étudiants et des flexi-jobbers (fonction exercée d’un flexi = max. cat. 3 ou la fonction de boucher/boulanger) !!! Pour le dimanche, la priorité est accordée aux CDI.
- Une meilleure conciliation vie privée-vie professionnelle : Des moments « structurels » libres seront prévus dans les Markets et les Hypers. À terme, un moment libre fixe de 2,5 jours sur une semaine de 7 jours sera accordé pour qui travaille le dimanche.
- Divers : Prochainement, un débat aura lieu sur la réintégration des malades de longue durée, ainsi que sur l’intelligence artificielle et ses effets sur l’emploi et l’organisation du travail.
Est-ce un accord de rêve ? Non, un accord de raison ! Est-ce un accord qui forcera Carrefour à laisser ses magasins en intégré ? L’avenir nous le dira. Un texte garantissant toute une série de choses est signé par la direction belge. Cela vaut ce que cela vaut dans le contexte d’une multinationale. C’est mieux que rien. On ne pourra pas nous reprocher d’avoir dit « non » à la relance des magasins. À terme, si le chiffre d’affaires suit, cela permettra de réaugmenter la qualité de l’emploi chez Carrefour.
N’hésitez pas à vous renseigner ! De nombreux détails sur l’organisation pratique du travail du dimanche (c.-à-d. la principale modification visible au 1er janvier) vous seront fournis par vos délégués. N’hésitez pas à revenir vers eux avec vos questions. Des évaluations de tous les processus auront lieu régulièrement. Là aussi, n’hésitez pas à nous faire part de vos remarques. Cette solution est une solution globale qui nécessitera peut-être des rééquilibrages au fil du temps. C’est un process que nous voulons suivre jour après jour, n’hésitez donc pas à communiquer sur le sujet.
