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Accord du gouvernement ou comment orchestrer un écran de brouillard au moment de la semaine d’action

24/11/2025 | FR / NL

Après un long suspense, surprise du chef ce lundi matin : Bart De Wever nous annonce un accord sur le budget. Cet accord intervient pile au moment du lancement de notre semaine d’actions. Il a beau déclarer que ce timing serait le fruit du hasard, nous peinons à le croire.  

La conférence de presse matinale et les différents articles parus depuis sur le sujet ont permis de prendre connaissance de certains éléments. Bart De Wever ne s’en cache pas. Cet accord fera mal si on veut retrouver, dit-il, un socle de prospérité suffisant. La Belgique n’est-elle pas suffisamment prospère ? Ou bien les richesses sont-elles simplement mal réparties ? Poser la question c’est y répondre. Que contient cet accord ? A l’heure d’écrire ces lignes, nous n’avons pas de texte. Il faudra donc attendre pour pouvoir analyser en détails le contenu, au-delà des grandes déclarations politiques. Toutefois, nous pouvons affirmer que derrière cet écran de brouillard savamment orchestré par le gouvernement, subsistent les mêmes projets profondément injustes et antisociaux.  

Pas d’augmentation de la TVA mais….

Rebondissement : après avoir été longuement l’une des pistes évoquées, il n’y aurait pas d’augmentation de la TVA. Pas tout à fait. Cette déclaration cache une réalité différente : les trois taux actuels (de 6%, 12% et 21 %) sont maintenus mais toute une série de produits glissent d’une catégorie à l’autre et beaucoup plus souvent à la hausse qu’à la baisse. La liste de ces transferts de produits n’est pas encore connue dans sa totalité. On sait toutefois par exemple que les accises sur le gaz vont ainsi augmenter pendant que celles sur l’électricité diminueront. Est-ce une bonne nouvelle ? Certainement pour ceux qui n’utilisent que de l’électricité. En revanche, beaucoup de gens de la classe moyenne ont des chaudières au gaz et l’effet sera donc négatif pour eux au global. En effet, leur facture de gaz est bien plus importante que leur facture d’électricité, l’augmentation des accises leur sera donc défavorable.

Oui, on touche durement à l’indexation !

On nous a dit : on ne touche pas à l’indexation. Pourtant, si, on touche durement à l’indexation ! Jusqu’à présent, l’indexation était identique sur tous les salaires, ce qui permettait aux finances publiques d’être alimentées par tous les salaires, en ce compris les plus hauts salaires. L’accord budgétaire prévoirait de plafonner l’indexation à 4.000 € bruts. Cela signifie plusieurs choses. D’une part, la moitié de la population, n’aura donc pas accès à une indexation sur la totalité de son salaire. D’autre part, les finances publiques (et donc la sécurité sociale) vont avoir un préjudice pour toutes les rentrées qui provenaient de l’indexation des salaires au-delà des 4.000 €. Les grands gagnants dans cette histoire seront les employeurs qui, grâce à cela, vont pouvoir se mettre 800 millions d’euros en poche. 

Le premier ministre affirme également que ce mécanisme va s’appliquer deux fois durant la législature en 2026 et en 2028. Comment doit-on traduire cela ? Est-ce qu’il y aura par deux fois une indexation réduite pour les plus hauts salaires et donc deux sauts d’index sur une même législature ? Du jamais vu… Pour rappel, un saut d’index engendre des effets sur toute la carrière puisque c’est un cumul au fur et à mesure. 

Autre question : fait-on partie des épaules les plus larges lorsqu’on touche 4.000 € brut ? Une indexation de 2 % sur 4.000 € bruts, c’est 80 € bruts : soit à peine une bonne quarantaine d’euros nets en pratique. Souvenons-nous que lorsque les prix de l’électricité et du gaz ont flambé ces dernières années, les factures ont doublé. L’indexation ne suffisait donc pas à venir contrebalancer, ne fût-ce que le coût de l’augmentation des prix de l’énergie. Notre dépendance à l’étranger en matière énergétique nous laisse à penser que ce scénario pourrait se reproduire à un moment ou un autre. Qui nous dit aussi qu’une fois ce mécanisme appliqué deux fois sur la législature, il ne deviendra pas définitif ? Pensons à d’autres mesures qui étaient au départ des mesures ciblées et temporaires (comme les heures supplémentaires défiscalisées) et qui sont maintenant devenues des mécanismes permanents. 

Les allocations sociales, elles aussi, si elles sont au-delà de 2.000 €, ne seront pas indexées. Cela touchera essentiellement des malades et des pensionnés. Pour rappel, nos pensions sont parmi les plus basses en Europe. Est-on riche quand on a une pension de + de 2.000 € bruts ?  Peut-on survivre en étant malade et en n’ayant pas d’indexation de la part qui excède les 2.000 € bruts ? 

Pensions : une amélioration ?

Parmi les mesures, on nous parle également de quelques corrections sur les pensions. Mais on ne nous dit rien sur le malus, on ne nous dit rien sur les carrières plus longues. Tout cela, ça subsiste. Les malades de longue durée continuent à être visés. L’objectif serait d’en remettre 100.000 au travail. Est-ce à dire que 20 % des malades de longue durée sont des profiteurs ? 

Ça, ce sont les grandes lignes. Et puis, il y a tout ce qu’on ne sait pas de l’accord budgétaire : toutes les mesures sur la flexibilité du travail, les économies sur les soins de santé, le malus pension, … Toutes ces mesures vont rester. 

Derrière le brouillard, la lutte doit continuer. 

En ce lundi matin, Bart De Wever fait beaucoup de bruit et sème le flou à un moment stratégique sur le plan syndical : celui d’une semaine d’action intensive pour dénoncer la politique de l’Arizona. Au-delà des grandes déclarations, notre première analyse nous montre que les choix idéologiques de la droite restent bien ancrés et que le gouvernement poursuit sa logique insidieuse. Laisser les riches toujours plus riches (le doublement de la taxe sur les comptes-titres ne rendra pas cette taxe effective – en d’autres termes : deux fois zéro égal zéro), ne pas faire trop mal à ceux qui travaillent et faire mal à ceux qui sont inactifs. 

Et donc, si la question est de savoir : devons-nous continuer à nous battre contre ce gouvernement ? La réponse est clairement oui ! Les mesures qui sont proposées dans l’accord budgétaire ne toucheront que peu les épaules très larges. Par contre, elles vont venir toucher la classe moyenne de plein fouet. Est-ce qu’une infirmière en fin de carrière (qui a donc un barème supérieur à 4.000 €) gagne trop bien sa vie pour son job ? Peut-elle se permettre que son salaire ne soit pas indexé sur la totalité et qu’en plus à cause de cela, elle voie les normes de soins de santé diminuer et rendre son travail encore plus dur ? Parce que c’est ça aussi, la sécurité sociale. C’est ce qui vient aider le personnel dans les hôpitaux à pouvoir travailler sereinement. 

À côté de cela, on ne parle toujours pas de fins de carrière décentes, on ne parle toujours pas de pénibilité, on ne parle toujours pas de mesures qui viendraient permettre aux travailleurs de décélérer et d’éviter de sombrer comme malade de longue durée.

Il n’y a pas de hasard. Cet accord intervient le premier jour des actions de grève, créant un brouillard médiatique laissant à penser que finalement, ce n’est pas si mauvais. Essayons de voir au-delà. Derrière ce brouillard, la lutte doit continuer. Cet accord divise le monde des travailleurs et des allocataires sociaux et n’apportera rien de bon aux finances publiques à terme.